jueves, 28 de febrero de 2013

LA HORA DEL TÉ [Henry Bauchau]

LA HORA DEL TÉ 

Estás en el consultorio de Dominique, junto a su diván de analista, 
Y te vuelves a encontrar con la cortina roja, la cortina gris de la sesión. 
Una niñita te ofrece té y te habla ceremoniosamente. 
Había en Grecia ese sonido de flauta, sobre una hoja al borde del agua cae la nieve sobre China. 
Cuando la vida ya no es más que una oreja atenta, ¿escuchamos cómo cae esta nieve interior, 
Escuchamos cómo la lengua de las materias habla? 

Es Dominique y la música de su nombre, cuatro sílabas matinales 
Que la convierten en esa persona risueña cuyo pensamiento, sin esconderse, a menudo reposa. 
Con esas palabras cotidianas que parten sin ruido 
Quizás habláis de Dios cuya muerte es tan evidente 
Que ya no puedes hablar de él sino más simplemente de aquello 
Que se percibe en la profusión del aire. 
Estás sentado en la sala junto a ella, ya no sabes si sabíais que Dios ha muerto 
Mientras poco a poco, mediante la contemplación de la nieve y el agua, 
Descubrías bajo las palabras 
La imitación de la materia. 

Piensas en la obediencia de las cosas y te levantas ya que escucháis que llaman 
Es un paciente de Dominique, va a recostarse aquí, va a arder, 
Un poco tramposo, como tú, un poco mentiroso y tu hermano en inmensidad 
Ahora que está impaciente, por el camino de su pobreza. 

- . - . - 


L'HEURE DU THÉ 

Tu es dans le bureau de Dominique, près de son divan d'analyste
Et tu revois les rideaux rouges, les rideaux gris de la séance.
Une petite fille t'offre du thé et te parle avec cérémonie.
Il y avait ce son de flûte en Grèce, sur une feuille au bord de l'eau la neige tombe sur la Chine.
Lorsque la vie n'est plus qu'une oreille attentive, entendons-nous tomber cette neige intérieure
Entendons-nous parler la langue des matières?

C'est Dominique avec la musique de son nom, quatre syllabes matinales
Qui font la personne rieuse dont la pensée souvent, sans se cacher, repose.
Avec ces mots de tous les jours et qui s'en vont sans bruit
Peut-être parlez-vous de Dieu dont la mort est si évidente
Que tu ne peux parler de lui, mais plus simplement de cela
Que l'on éprouve avec la profusion de l'air.
Tu es assis dans la chambre près d'elle, tu ne sais plus si vous saviez que Dieu est mort
Pendant que peu à peu, par la contemplation de la neige et de l'eau
Tu découvrais sous les paroles
L'imitation de la matière.

Tu penses à l'obéissance des choses et tu te lèves car on entend sonner
C'est un patient de Dominique, il va éteindre ici, il va brûler
Un peu tricheur, comme toi, un peu menteur et ton frère en immensité
Maintenant qu'il est impatient, sur la voie de sa pauvreté.

- . - . - 

HENRY BAUCHAU. De "LA CHINE INTÉRIEURE". En HENRY BAUCHAU, Poésie 1950-1984. Éditions Actes Sud, 1986. Arles, France.

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