La alegría de un continente
a Aïda Dramé,
la muchacha de seda negra.
I
¡Mi deseo! rebaños de nubes
a la caída del crepúsculo
para segar las estrellas.
¡Mi deseo! el misterioso tintineo de las campanillas
de la Resurrección;
la tierra será un pacífico campo de esperanza
los ojos a merced de las lágrimas.
¡Mi deseo! un largo poema escrito
en la antigua sangre de mi África
y el balanceo será rítmico
el aliento, generoso,
el cuadro, límpido:
resplandecerá como la cresta de la sangre;
¡Mi deseo! un sueño
un viento fraternal y violento
sobre toda la tierra.
II
Amiga mía, me seguirás.
Dejaremos este vasto mundo para ir a asentarnos
entre los Ancianos.
¿No escuchaste hacia el final del tercer sueño
la flauta del pastor reuniendo a sus rebaños
de estrellas?
Es el hálito de los Ancianos allá lejos, allá en la tierra
de las ilusiones.
Saquemos nuestras alas de luz y
emprendamos el vuelo hacia el más calmo tiempo.
III
Prepárate para el viaje.
Reuniremos la flora
y la fauna de ultramar.
Tomados de nuestras propias cinturas
más brillantes que las baratijas del negrero,
plegaremos las rutas,
secaremos los ríos,
beberemos los mares.
Sobre nuestras huellas imperceptibles,
la mirada de todos los pueblos
y de la fauna y la flora
de ultramar.
Marcharemos... marcharemos
sin volver la cabeza...
Frente a nosotros, la tierra de las ilusiones.
IV
Soberbios y silenciosos,
la luna en tus axilas
el sol sobre mi frente,
huiremos...
Privaremos a los poderosos
del calor que alimenta
y de la luz que consuela.
Partiremos firmes y fuertes
los ojos envolviendo el murmullo de los mares
batiendo el corazón al ritmo mismo de la sangre negra.
V
Una planicie de agua, senderos de flores,
un techado de nubes rutilantes,
cada tanto mojones de paz,
las sombras graves y persistentes de los Ancestros,
lechos flotantes en la blancura del sol
a mediodía por los cuatro rumbos,
y allá las mujeres son puras,
más clara que una noche de neomenia
la leche de sus sonrisas...
Amiga mía, así es el país de las ilusiones...
Ven pronto, oh tú que no resistes
al fluido gorjeo de las aves.
VI
Treparemos esbeltos y ligeros al asalto del cielo...
Tan sólo escucha crepitar el fuego de nuestra estela,
contempla el abandono radiante de los siete planetas...
Por todas partes hay incendios
y los mares están en llamas...
¡Ah! ¡Viva el aliento de mi corazón!
También nuestra sangre es caliente.
Ni el tronar de los cañones
ni el rugido sordo de los aviones
y los hombres y las mujeres gritaban su desesperación.
VII
De estrellas será la tierra en la claridad
maternal del alba.
Recibiremos a nuestras hermanas
de allá lejos, lisas y desnudas
pero preciosas,
a los hombres, nuestros hermanos, dioses de modales audaces,
pero orgullosos, y sabios, y pacíficos
guardianes del sol.
Y, hermana mía, caminaremos
por los senderos de la luz.
Confiaremos al olvido
todo el lastre inútil de la época.
- . - . -
La joie d'un continent
I
à Aïda Dramé,
la jeune fille de soie noire.
Mon désir! des troupeaux de nuages
au tomber du crépuscule
pour faucher les étoiles.
Mon désir! le tintement mystérieux des clochettes
de la Résurrection;
la terre sera un champ pacifique d'espoir
les yeux à la merci des larmes.
Mon désir! un long poème écrit
dans le sang ancien de mon Afrique
et le balancement sera de rythme
le souffle, généreux,
le cadre, limpide:
ce sera éclatant comme la crête du sang;
Mon désir! un rêve
un vient fraternel violemment
sur toute la terre.
II
Mon amie, tu me suivras.
Nous quitterons ce vaste monde pour aller siéger
parmi les Anciens.
N'as-tu pas entendu à la fin du troisième sommeil
la flûte du pâtre rassemblant ses troupeaux
d'étoiles?
C'est le souffle des Anciens là-bas, là-bas au pays
des mirages.
Sortons nos ailes de lumière et
prenons notre envol vers le temps plus calme.
III
Prépare-toi pour le voyage.
Nous rassemblerons la flore
et la faune d'outre-mer.
Ceins de nos ceintures
plus éclatantes que verroteries de négrier,
nous plierons les routes,
assécherons les fleuves,
boirons les mers.
Sur nos traces imperceptibles,
le regard de tous les peuples
et de la faune et de la flore
d'outre-mer.
Nous cheminerons... nous cheminerons
sans tourner la tête...
Devant nous, le pays des mirages.
IV
Superbes et silencieux,
la lune à ton aisselle
le soleil sur mon front,
nous nous échapperons...
Nous priverons les puissants
de la chaleur qui nourrit
et de la lumière qui console.
Nous nous en irons droits et forts
les yeux enveloppant le murmure des mers
le coeur battant, au rythme même du sang noir.
V
Une plaine d'eau, des sentiers de fleurs,
une toiture de nuages rutilants,
de loin en loin des piquets de paix,
les ombres graves et persistantes des Ancêtres,
des lits flottants à la blancheur du soleil
à midi aux quatre horizons,
et les femmes y sont pures,
plus clair qu'une nuit de néoménie
le lait de leur sourire...
Mon amie, tel est le pays des mirages...
Viens vite, ô toi qui ne résistes pas
au gazouillis fluide des oiseaux.
VI
Nous monterons sveltes et légers à l'assaut du ciel...
Écoute seulement crépiter le feu de notre sillage,
contemple l'abandon ravi des sept planètes...
Partout c'est l'incendie
et les mers sont en feu...
Ah! vive le souffle de mon coeur!
Notre sang est aussi chaud.
Pas même le tonerre des canons
pas même le grondement sourd des avions
et les hommes et les femmes criaient leur détresse.
VII
La terre sera d'étoiles à la clarté
maternelle de l'aube.
Nous accueillerons nos soeurs
de là-bas, lisses et nues
mais précieuses,
les hommes, nos frères, dieux à la forme hardie,
mais fiers, mais sages, mais pacifiques
gardiens du soleil.
El ma soeur, nous marcherons
par les sentiers de lumière.
Nous confierons à l'oubli
tout le fardeau inutile du siècle.
- . - . -
Lamine Diakhate: biografía en Wikipedia (en francés).
No hay comentarios:
Publicar un comentario